+ E.J.S. 9 Novembre 1875 Ma chère petite sœur Marie, Ma chère petite sœur, je viens aujourd’hui adresser à toi seul mes caresses et mes plus tendres baisers. Je suis comme tu le sais bien, un grand bavard, et je veux aussi babiller avec toi. Je vais te raconter un jour entier de collège; je choisis par exemple cette journée de Mardi 9e jour de Novembre 1875. En premier lieu, voilà qu’à 5 heures du matin, au milieu d’un rêve délicieux rempli d’Exercitium, etc., une inévitable cloche se fait entendre, ainsi que la Bénédicamus Domino du P. Raffrenat. Vite, vite, je saute à bas de mon lit, à moitié endormi, en criant Deo gratias, et en me signant du signe de la croix. On entre alors dans notre immense dortoir de l’étude, temps épouvantable, un véritable ouragan se déchaîne sur nous ! On en voit un qui court après sa casquette, un autre après son gant, d’autres enfin après leurs correspondances. Ribault, de Violette, Honoré, de la Perraudère et moi, nous nous prenons par la main, et laissant voler au gré du vent nos grands manteaux, nous nous mettons à courir le plus vite possible du côté du vent; le vent s’engouffre dans les profondeurs du manteau, et nous faisons ainsi le tour de la cour avec une vitesse inouïe. Je cause un moment avec Libault. Tout à coup je vois Carrieux qui me présente malheureusement un dos superbe, et j’y applique ma balle de toute ma force, il me la renvoie avec ardeur dans le groupe gauche. Mais la cloche sonne, et nous rentrons à l’étude. Je cause quelques peu à de Vassivière, puis nous rions comme des fous. Puis je me jette à corps perdu dans l’étude de la langue anglaise, en traduisant une très difficile version d’Eichoff, intitulée : Le Chêne et la Glycine; nom très poétique, mais version très ennuyeuse. On dit bientôt l’Angelus, et je me rends au réfectoire, quand soudain je suis accosté par mon maître de musique, qui me propose de prendre une leçon à la place d’un élève qui est absent; je le suis, il répète la promenade et la valse. Bientôt je suis dans les délices de la somnambule, puis de Don Juan, de la Juive, d’Auber. Mais le cadran marque midi et demi, je signe et je vais déjeuner. Déjeuner passable; Du Boullay un des convives de seconde table se passe du premier plat. Puis l’on passe en récréation, le jeu est très animé; Libault reçoit des vertes parce qu’il a manqué, avec une rapiette, deux balles coup sur coup, un le trot continue en ardeur. La cloche sonne, puisque c’est mardi, on va en promenade, nous choisissons le chemin Ray; nous marchons ainsi, Violette à droite, Libault au milieu, moi à gauche. --- Durant ce bruit intercopiétion de soleil, d’ombreux, d’eau, de cascades, etc., etc. Holà ! Holà ! l’on est passé comme des flèches et au retour, à côté de moi un curieux étonnamment comme il est multiplié toute la totalité du Père Castet. Vite, le second coup se donne et j’admire Juliet, notre écolard, tel qu’on a admiré un second sur la porte. Je voudrais dire le gymnase. Deuxième hypothèse dont la hâte et chaque insolite se contredisent. Il ne saurait pour me donner de lui tout entier, mais quand il aperçoit, il court rapidement d’aller au matin. Pour lui apprendre à être ainsi loyal, je lui envoie dans les côtes un coup de poing, qui lui fait découvrir sous sa redingote un os que je n’oserais, qui est au dos et l’écolier est un peu fou rire. On arrive à l’étude avant la prière, j’ai eu le temps de faire toutes les fatigues de ma version de Vassivière, qui pour son bon amusement, s’exerce plus que de nouveau à mot d’allemand. Tous les écoliers arrivent, la prière commence, tout est calme. Après la prière lecture spirituelle. Singulier, l’étude commence. Je regarde dans la préface de la Vassivière qui d’une belle chemise commence lui, retirant un mot et répété. Je le lui demande, et quelques minutes après, je le lui renvoie avec cette explication si magnifique. Je me mets à Orgele. Après avoir fini un chapitre, mon profit d’une moitié sur l’autre en explication. Je trouve ce fidèle puis me sourit l’oreiller, je le remercie d’un geste plein de reconnaissance. Puis je me plonge dans l’état monotone du Branché et du Gothlandtage. Ô Dieu, Dieu, Dieu, le froid et l’état demi vide au pupitre, bois débattus, ou le lit touche aussi bas, mais puisque mon chapelet est fini, que sais-je donc manger, dont j’avais un morceau de pain et de lard environ, ainsi que je soupire. Puis, je me précipite, je le partage encore dans toute la longueur, j’offre mon ardeur, à mes amis tous. Puis nous entrons dans un cercle tour à tour parlant poétique et bientôt à la main au livre de faire dans lequel nous avons à débattre, et cela. Il me fallait de ma logistique. Lundi, je juge. Les vers de David sont beaux, il y a du souffle poétique. Mais la cloche sonne, nous voilà en cours, il pleut, je me sauve sous les hangars; j’accoste alors Genest, qui me confie son admiration sur Bonnet; mais voici qu’après avoir échangé quelques mots avec mon cher petit ami Hébrard d’Alo, je me dirige à grands pas vers Libault, qui me parle d’une belle et chère Alice. Conversation sèche, presque très intéressante. L’heure sonne. Nous nous dirigeons vers la chapelle. C’est le P. Girondeville qui dit la messe, chants religieux. Je récite un chapelet selon ma respectable habitude, pour tous ceux qui me sont chers. La classe a sonné: j’y vais avec plaisir. Le Père Ganeclin professeur de Mathématiques me fait une question, à laquelle je ne puis rien répondre, vu que je ne vois rien au tableau. Il veut bien se satisfaire de cette raison. Le Père Perrin professeur ordinaire arrive, tout se passe très-bien; la cloche sonne, vite à l’étude on porte ses livres, et de là en association. Il fait une version d’Eichoff, intitulée : Le Chêne et la Glycine, nom très poétique, mais version très ennuyeuse. — On dit bientôt l’Angelus, et je me rends au réfectoire. Quand soudain je suis accosté par mon maître de musique qui me propose de prendre une leçon à la place d’un élève qui est absent, je le suis, il répète la promenade et la valse. Bientôt je suis dans les délices de la somnambule, puis de Don Juan, de la Juive, d’Auber. Mais le cadran marque midi et demi, je signe et je vais déjeuner. --- Bientôt cependant le temps se couvre, épouvantable nous monte de la tête au pied, nous sommes en désordre. Nos figures expriment l’ennui, la fureur. À quatre heures et demie, nous rentrons au collège, mouillés, n’en pouvant plus: nous dévorons notre pain et nous allons changer de souliers. Nous rentrons à l’étude; quelques minutes après mon voisin de dos souffle à fourgés pleurs. Son sommeil est pénible! Nous avons à faire un horrible thème grec, infligé aux élèves indolents. Cependant je travaille bien car je pense à mon cher papa et mes sœurs, à mon frère bien-aimé, et puis à ma chère Ernestine. Quand tu la verras, ma petite chérie, embrasse bien pour moi Jules, et fais-lui quelques petites commissions dont je t’avais chargée pour elle en particulier. N’oublie pas l’image et la petite lettre pour l’oiseau absent qui manquerait à vos réunions, il faut que tu me les envoies tous deux un jour de l’an prochain. Bien des choses à Madame Alexandrie, à Clémentine, et à Alice, ainsi qu’aux autres Saint-Marc et Agaceaud. --- Enfin, ma chère petite Marie, je finis cette longue épître, en espérant bien en recevoir une semblable bientôt. J’ajouterai seulement qu’ici le temps est épouvantable, le vent malgré les volets casse les carreaux au dortoir, ce qui force les surveillants à accourir en bonnet de coton. Pères Raffrenat, Henricane, Castet. Détail charmant: Papa doit quelque peu de quantité de pommes qui se trouvaient dans la campagne, et bien! l’eau, la grêle, le vent, les arbres secoués par le vent ont fait tomber toutes les pommes, les ont entamées, si bien que les rues du Mans sont pleines de pommes, bonnes affaires pour les pauvres. Je finis cette longue lettre en t’embrassant avec tout l’amour que j’aime: Papa, Henriette, Émile, Ernestine. Ton frère affectueux et dévoué Jules Bontoux