Paris, le 20 décembre 1892 Ma chère Marie, Nous avons reçu hier soir, à 10 h, une dépêche de Jean Fabre ainsi conçue : « Amélioration sensible. Convalescence prochaine. » Ce télégramme joint aux renseignements que tu me donnes dans ta lettre du 18 sur l’alimentation de Camille (2 litres de lait, 1 bouteille de Bordeaux et 1 bol de bouillon en 24 heures) me rend un peu de tranquillité et me fait espérer que ton mari sera sur pied avant peu. Ce qu’il ne faut pas faire, c’est une des imprudences fréquentes pendant les convalescences. Ce qu’il ne faut pas faire non plus, c’est passer tes nuits par terre sur un matelas, ce qui est capable de te rendre malade par cette température et ce dont je ne m’explique pas l’utilité. En effet, dans la chambre du malade je ne vois que cinq meubles absolument nécessaires : 1° deux grands fauteuils ; 2° la baignoire ; 3° le lit de Camille ; 4° la chaise gardero-be ; 5° ton lit, c’est-à-dire le petit lit de fer où je couche quand aux autres meubles, ils sont inutiles, encombrants et devraient être remisés jusqu’à entière définitive en convalescence… Amie, donc, tu nous feras le grand plaisir de te soigner et de t’épargner ; nourriture substantielle, mais soignée, et surtout reçues très rarement ces rougeurs d’excitation fâcheuses… Un dernier de nous avoir réjouis plein de cette amélioration et de cet espoir de convalescence prochaine. Nous pensons qu’à la Noël, toute imprudence sera dissipée. Mais de la prudence pendant la convalescence, et n’oublie pas qu’il faut savoir résister aux désirs des malades qui veulent parfois se procurer des satisfactions qui pourraient leur être funestes. Il serait à désirer surtout que Camille profitât de cette occasion pour réduire beaucoup sa « tabagie », je suis convaincu qu’elle ne lui vaut rien. Jean devrait le semoncer sur ce point. Et maintenant, chère sœur Marie, je m’en vais aller mettre le cierge quotidien à N.-D. des Victoires. Je t’embrasse de tout mon cœur, et aussi le malade, et aussi les quatre chéris. Bons souvenirs à Madame Revel et à Madame Claron. Amitiés aux cousins et aux amis. Ton dévoué frère, Jules Herbovy