Paris, le 16 avril 1893 9, rue Moncey Ma bien chère Marie, Je viens te remercier de tes vœux de fêtes ainsi que de ceux de ton petit Antoine, jusqu’à ma filleule qui est venue m’apporter un bout de son joli petit morceau rose. Que Dieu vous bénisse tous, chers amis, et qu’il vous ramène, avec la tranquillité, la santé de vous-mêmes et des vôtres. Merci aussi à Mmes Revel et Clarion de leurs bonnes amitiés auxquelles je suis très sensible. J’ai appris par les Bourdon que la santé de mon oncle Charles était très mauvaise ; on s’attend à chaque instant à un dénouement fatal. À propos des Bourdon, cette malheureuse Henriette a eu un fâcheux contretemps dans son déménagement. Partie pour Beauvais, elle n’a pas trouvé terminées les réparations de leur maison. Aussi, force lui a été de laisser là ses meubles, et de revenir retrouver à Paris, à l’hôtel du Nord, rue de Bourgogne, son mari dont fait l’absence a pesé à l’événement. Encore des dépenses inutiles pour ces pauvres gens, qui ont bien besoin de les avoir finies, avec tous ces ennuis interminables. Je souffre toujours de mon enflure, et cette maladie insupportable met un temps infini à s’en aller ; c’est au moins la deuxième ou troisième que j’attrape depuis mon arrivée à Paris. J’ai bien reçu la bonne lettre du 11 courant de Camille. J’espère que M. Delcassé ne me fera pas trop languir désormais. Mais lui aussi sera bon que Bourdeau hâte avant son départ de Lyon, car il ne faut pas oublier que c’est à lui surtout que M. Delcassé serait content de rendre une obligation. De la patience, certes j’en aurai. Croyez que pour tous motifs, il faut une foi profonde. Le Bordeaux bien cher rappelle un bon souvenir de tous mes amis et parents, et de cette jeune dame Clara, qui me donnait de ses nouvelles le jour que je suis à mes nouvelles. Le pays dira jeudi prochain chez Pauline avec les Bourdon. Tous allaient bien. Au revoir, ma chère Marie, je t’embrasse de tout mon cœur ainsi que Camille et vos quatre bébés. Mes compliments à ces dames. Ton tout dévoué, Jules Herbovy