# Lettre du 9 juin 1884 Rade de Toulon, le 9 Juin 1884 Ma bien chérie, C’est en revenant de Marseille, que j’ai trouvé ta lettre qui s’était égarée dans cette ville après mon départ. Et à ce propos, tu n’as qu’à adresser tes lettres toujours à "Albatros, Toulon". Ce navire toujours... Et tes bonnes petites lettres, aussi bonnes que toi, me font grand plaisir quand je les reçois. Je vois que vous êtes une seconde édition du petit ménage de la rue du Courpiquet. Je suis sûr que Dieu vous bénira tous. C’est le plus cher de mes vœux, et je n’aurai qu’à vous imiter pour que tout aille bien. Demain nous appareillons pour la Corse dont nous visiterons les côtes. Le 20 juin nous irons mouiller à Nice où nous attendons en visitant Monaco et tout ce délicieux pays, les ordres de l’autorité supérieure. Tu parles de ton père chéri pour le soigner, lui faire la lecture le distraire. Heureusement le cœur de notre Henriette est si vaste qu’elle vous remplace bien auprès de lui. Prions Dieu, chère Marie, qu’Il conserve la santé de notre bon père, puisqu’Il lui a refusé tant de joies ici-bas. Tu me dis dans ta lettre des choses qui me font beaucoup de bien. Si tu savais combien j’aime et j’estime Camille, qui te rend si heureuse, combien je voudrais moi aussi pouvoir rendre heureuse une honnête fille ! Au revoir, chère sœur, je t’embrasse bien fort ainsi que ton mari. Présente mes respectueuses amitiés à MMmes Revel et Clarion. Quand tu verras mon pauvre oncle, embrasse-le bien fort pour moi. Ton frère dévoué, Jules Bessolles