# Lettre du 28 juin 1885 *(Transcription de la lettre manuscrite datée du 28 juin 1885)* Bord, Rade de Toulon, le 28 juin 1885 "Albatros" Ma chère Marie, Mercredi 1er juillet, nous partons pour le Gabon, et je ne compte guère revoir les rivages de la France avant un an, car les remplacements dans ces pays sauvages se font difficilement. En passant, si vous voulez quelques détails sur le pays où je vais, lisez les ouvrages suivants : M. de Compiègne, *L'Afrique Équatoriale : Gabonais, Fânouin, etc.* Marche, *Trois voyages dans l'Afrique Occidentale*. D'ailleurs, comme je vous l’ai dit précédemment, ce sont des contrées encore peu connues. Nous avons fini nos préparatifs, et notre "Albatros" est absolument encombré : moutons, porcs, poulets, pigeons, canards, lapins, conserves de toutes sortes… Nous avons salle de bains, appareils à douches, appareil à glace, etc. J’emporte 600 cartouches, l’éléphant, l’hippopotame, le crocodile, la panthère, l’ours, le guépard, des oiseaux en abondance, toutes sortes de singes, il faut voir ! Le chimpanzé et le gorille qui se tiennent presque sur l’homme, que de bêtes ! Vous voyez que j’ai de la besogne à espérer mademoiselle. Beaucoup de pays de l’Ouest et des habitants divers à connaître. Votre obligeant sentiment qui paraît plus clair que je l’espérais me fait grand plaisir, je vous assure. Je compte bien vous revoir et redescendre… (...) Adieu, chère petite Marie, soignez-vous bien, et quand je serai de retour en France vers les mois de juin 1886, je trouverai un gros bébé ! Trouvez-moi une femme ! Je casse les oreilles de papa pour cela. Tu liras sa lettre. Je t’embrasse de tout mon cœur ainsi que ton excellent Camille. Mes amitiés sincères et respectueuses à MMmes Revel et Clarion. Bien des choses aux cousins. Quand tu verras mon oncle, embrasse-le bien de ma part et dis-lui qu’on peut envoyer des mandats à Libreville. Mille baisers à mon petit Henry, qui ne sera pas oublié du retour par le bonhomme Cadieux. Ton frère dévoué, **Jules**