Bordeaux, le 4 avril 1894 Ma bien chère Marie, J’ai reçu ta bonne lettre ce matin ainsi que celle de mon cher petit Henry auquel j’envoie un gros baiser. Dis à ces pauvres gosses que j’ai battu vainement Marseille, Toulouse et Bordeaux pour trouver des petites bêtes qui remuent toutes seules. Impossible d’en trouver. Espérons que l’espèce ne s’en perdra pas cependant, et que nous pourrons un jour en remplacer. J’ai reçu ce matin une dépêche de mon bon ami Forêt, disant qu’ils ont eu avec notre collègue Hénault (de Mayumba) une entrevue avec Léon Fabre, et qu’ils doivent voir M. Dubard aujourd’hui à 3 heures. J’espère beaucoup de cet entretien où la vérité paraîtra enfin toute nue. Victime, je l’ai été, bien plus encore que je ne le croyais ; mais il est inévitable que je le sois plus longtemps, il faut en convenir. Je n’ai pas besoin de vous dire à ce sujet quelle gratitude je dois à ce cher Forêt, ami de notre collègue Hénault, tous deux compagnons infortunés. Vous serez mes interprètes d’ici un mois, pour recevoir chez Forêt cordialement, quand il viendra à Lyon. Installez-lui mon logement reçu de la note latine. Insistez beaucoup auprès de Léon Fabre pour qu’il fasse tout ce qu’il pourra pour me faire obtenir rapidement l’avancement que j’attends depuis deux années. Le reste dépend de la chose patriotique. Forêt mérite d’y figurer et il a plusieurs enfants. Je crois qu’il cherche un petit coin à la campagne pas cher et très sain pour sa famille pendant un an. Sachez donc en lui trouver quelque chose. Encore ce matin de bonnes nouvelles des Bourdon. Je vous embrasse tous mes chers amis, mes chéris et ces dames, ainsi tous nos chers parents Fabre et Gouthéraut. Que Dieu vous bénisse tous. Bien des baisers aux Bous et des Henriette et des Chéris. Votre bien dévoué et affectionné, Jules Herbovy (P.S. – Merci d’écrire à Louis et à Henriette au sujet de Forêt. Elle peut communiquer cette lettre.)