+ E.J.S. 16 décembre 1875 Ma chère Marie, Je vais d’abord t’annoncer une excellente nouvelle, qui j’en suis sûr, remplira vos cœurs à tous d’une vive joie. Dimanche dernier, 12 décembre 1875, j’ai eu le bonheur de faire ma consécration d’enfant de Marie. Sur plusieurs approximants une 12 environ, seul j’ai été jugé digne de cet honneur. Je me suis préparé à ce grand acte avec tout le recueillement possible. Maintenant donc, ô ma sœur chérie, je suis véritable enfant de Marie; je suis congrégationniste. Et c’est une grâce non seulement pour moi, mais encore pour vous tous, et je vous conseillerai de remercier la sainte Vierge, de la protection qu’elle m’a accordée dans l’élection. Quand je vous reverrai, je vous montrerai une petite carte violette où, de ma propre main, j’ai écrit mes serments. Elle est bien précieusement cachée sous ce poste, mille à tant de poches, que tu connais bien, chère curieuse, à côté de celle d’Ernest qui lui avait envoyée pour ses vœux. Différente de la mienne, au verso elle représente la Vierge Immaculée et autour d’Elle, le bras patron de la jeunesse chrétienne. Au bas de cette gravure, il y a un petit morceau du jilet de flanelle, que le R.P. Chamin portait lors de son exécution. En haut de la même gravure, il y a un singulier, qu’une amie bien aimée m’a donné, et qui conserve encore toute sa couleur. Je suis sûr que c’est cette main, fidèle chérie, à cette foi. C’est donc à vous ma petite remarque: j’apporte mes notes et mes places habituelles: A, A, A, A. Je n’ai pas trop mal. 20 en discours français avec une bataille d’histoire, a failli prendre tous les bancs de la salle. 8 en diligence, toujours aux 7 élèves. Notre académie s’est toujours dite grande réunion seulement, académicienne de convenance, comme sans autre distribution, nous sommes forcés de garder le secret le plus profond sous obligation d’extérioriser jusqu’au mois de janvier, pour savoir de quoi il s’agit. C’est un petit acte de vertu. J’espère que tu sauras faire les jours des premiers de l’an, aux petites pour accorder une exhortation; il faible en ce qu’il n’y avait encore chez l’un et chez l’autre. Je te conseille cependant un autre acte de foi plus pieux, et de venir avec Henriette de lettres de longue soque. Vanité des Vanités, tout est Vanité. Je ne sais ce qui me retient de faire écrire. Je ne serais pas mal avec une grande boule de neige, facile à me consumer. Ce charmant avenir me rappelle encore avec ardeur, quand j’avais une petite cabane, un petit anneau court avec Saint Antoine. Aussi, l’amour pour toi c’est ce que je voudrais: en famille, autour de la flamme, réunis à donner sa santé de Religion. --- Rappelle-moi, ma chère sœur, au souvenir de nos chers amis, et surtout d’une petite lutine que tu verras dans quinze jours. Embrasse de tout ton cœur pour moi, mon père chéri, que je remercie beaucoup de ses timbres, et ma gizette. (Je parie qu’elle chantonne encore.) Répondez l’un ou l’autre longuement. Je te couvre de baisers, ma sœur bien-aimée et chérie. Ton frère tendre et dévoué Jules Bontoux