+ E.J.S. Le Mans, le 1 juin 1877 Mes chères petites sœurs, J’ai un peu tardé à vous écrire, parce que j’attendais le pèlerinage. Il a eu lieu hier avec toute la pompe, tout le recueillement, que vous pouvez imaginer. La ville de Laval n’avait pas, comme la nôtre de Niort envers les Jésuites de Poitiers, refusé de nous recevoir, et le bien qui produisit notre passage l’a récompensé de sa foi. Le temps a été mauvais d’abord, beau ensuite; aujourd’hui pour un premier jour de juin, la pluie nous envoie son adieu. L’été n’arrive pas vite, puisse-t-il en prendre bientôt une fois qu’il sera venu. Je vous remercie des détails dont vos lettres sont toujours remplies: elles mettent un peu de soleil dans cette vie d’écolier que je mène ici. Pourtant je ne dois pas trop me plaindre, car Dieu m’a envoyé une consolation depuis le commencement de l’année, consolation que vous devinez bien, puisque vous connaissez mon cœur. D’ailleurs cette année va bientôt finir. Voici mes notes et mes places: A, A, A, A – 10e en diligence. N’oubliez pas de demander à notre père chéri de vouloir bien me faire connaître l’époque de l’ouverture des sessions de l’académie de Poitiers, car je désire passer le plus tôt possible, en que des certains professeurs me conseillent, en philosophie, on doit être fort un mois avant l’examen. Donnez-moi quelques détails sur la première communion d’Alice dans votre prochaine lettre; vous avez dû voir ce petit ange du bon Dieu. Je vous embrasse de tout mon cœur ainsi que notre père chéri, pour qui je voudrais bien vous aussi l’écolier vacancier et aimant. Votre Jules Bontoux