Fernan-Vaz, Mission Ste Anne, le 17 novembre 1891 (jusqu’à nouvel ordre, écrire toujours à Libreville). Ma bien chère Marie, C’est à la Mission catholique de Fernan-Vaz, où je me suis arrêté quelque temps pour la confection du rapport qui devait suivre mon exploration dans ces régions, que je reçois ta bonne lettre du 1er octobre. Hélas ! pauvre enfant, pauvre sœur, pourquoi t’en voudrais-je. Tu ne fais que être un des instruments de la destinée ; je ne sache pas qu’elle n’ait jamais été bien douce. Tu es très bonne déjà d’avoir souci pour un pauvre homme qui erre, et qui erra surtout. Mais, il me vient aux lèvres un sourire quand tu me parles de ton projet de me trouver une compagne. Ma chère Marie, cela est absolument inutile. Il est probable que je vais être désigné pour occuper la nouvelle résidence que le gouvernement d’... Je regrette seulement d’avoir fait des démarches officielles pour être chargé de Colonie. Le plus tôt la fin viendra, le plus amicalement elle sera reçue. Je t’envoie une petite rose que j’ai cueillie au jardin des Pères ; une rose des lagunes, c’est une rareté ! Je vous plains combien douce a été votre réunion. Et maintenant tout cela est passé… Ne me parle pas de Léon dans ta lettre, je pense qu’il aura fait son voyage dans les premiers jours d’octobre. Si je me trouve forcé à changer de Colonie, je ne serais tout au moins pas fâché d’être avisé et décidé, au moins comme tout le monde, comme le premier venu ou Capitaine de soupirs venus. Chère, chère Marie, je t’embrasse de tout mon cœur, ainsi que mon ami Camille et vos quatre mignons. Votre dévoué, Jules Greslou