Mayumba le 22 avril 1892 Congo Français Ma chère sœur Marie, Je suis stupéfait que vous ne receviez pas mes lettres ; je vous écris au moins deux fois par mois, et à moins qu’on ouvre mes lettres à Libreville, je ne vois pas ce qui peut entraver la transmission régulière de ma correspondance. Depuis que je suis à Mayumba, j’ai écrit plus de six lettres à Léon ; les a-t-il reçues ? Depuis un mois, le service de la Reconnaissance ayant été créé à Mayumba, je pensais que mes lettres vous arriveraient plus régulièrement. Mais voyez-vous, chers amis, avec des gens comme de Chavanes et Cie, on peut tout craindre. S’il ouvre combiné de Ferry, Burdeau et Étienne, je crois que ma réintégration sera facilement obtenue, avec un rattachement à une Colonie hors de la Côte Occidentale d’Afrique. Mais, après le froid accueil que m’a fait le chef de cabinet M. Ordinaire (juif je crois), tu comprendras que personnellement je dois me courber sous ma coque. Chose singulière ! Je n’ai encore rien de retour du Congo Français, aucun des nombreux courriers qui ont dû arriver à Libreville après mon départ, soit deux mois mercredi ! Je vous embrasse tous de tout mon cœur. Mes amitiés à ces dames. Votre dévoué frère, Jules Hardouy