- Created new files for letters dated from February 16, 1893 to January 19, 1895. - Included personal updates, health concerns, and family matters. - Highlighted ongoing issues related to professional reinstatement and administrative challenges.
2.7 KiB
Executable File
E.J.S. Le Mans, le 13 décembre 1876
Ma chère Marie,
C’est à toi ma chérie, qu’est adressée la missive du Benjamin; et certes tu la mérites bien, car je tiens à te remercier de ce que tu m’écris souvent. Ton âge te rapproche le plus de ton frère: merci, ma charmante sœur, de ce que tu ne trouves pas trop long de tracer quelques lignes pour l’absent, qui trouve tout en jouir l’esprit, bien que, hélas, pour le cœur. C’est une erreur de croire que le travail étouffe l’affection: au contraire, de concert avec l’absence, il en fait sauter toutes les chaînes et en augmente les regrets. Heureusement, je m’en souviens, et je n’ai pas pour ainsi dire une volonté; sans cela, la vie serait un fardeau.
J’espère que notre bien-aimé père ne souffre plus du tout de son vilain rhume. J’ai la confiance que vous allez toujours bien, pour moi, honnêtement je crois me trouver mieux, comme dit papa; je suis mon petit bonheur de demain.
Le temps ici aussi, s’est rafraîchi considérablement, et ce qui est pis, depuis dimanche, plane sur la ville un brouillard presque fort épais. Jeudi il régna dans la division un bruit et principalement une rumeur générale: c’est ainsi intéressant à un drame; quant il commence, il y aura pour un quart d’heure, c’est à retirer les chaises et les éclats de spectateurs en passèrent complète…
J’ai été fort peiné du malheur qui a frappé la famille Marrecini: car j’ai été en fort grande estime, et le malheur qui frappe nos amis me frappe par la même; n’oublie pas de présenter à M. et Madame mes regrets et mes sentiments d’affection les plus sincères…
Il y a assez longtemps que je n’ai reçu des nouvelles de la tante de Saintes. Jusqu’ici je ne sais pas si je l’ai à peu près résignée avec la confiance des belles jeunes âmes. J’attends une lettre d’Ernestine demain ou après-demain: c’est un bon mois…
Lequel j’aime beaucoup et m’intéresse; je suis plus sérieux que lui, j’ai surtout plus d’expérience. Je me fais donc un devoir de lui donner des conseils sur la conduite à suivre soit au collège, soit dans le monde: il les a toujours pris comme doit le faire un ami, c’est-à-dire, avec gratitude et bonne humeur.
J’embrasse de tout mon cœur mon père chéri et ma gentille et aimée Henriette. Bien des choses de ma part à Ernestine: dis- lui de prier pour moi, comme je le fais pour elle. Dieu bénit les cœurs qui s’aiment dans son cœur divin.
Reçois, ma chère sœur, mes baisers et mes caresses.
Ton frère affectueux Jules Bontoux
N.B. Merci beaucoup des timbres – voilà mes places et mes notes: 10e mathématiques, 14e diligence A, A, A, A