Add transcriptions of letters from Jules Herbovy (1893-1895)
- Created new files for letters dated from February 16, 1893 to January 19, 1895. - Included personal updates, health concerns, and family matters. - Highlighted ongoing issues related to professional reinstatement and administrative challenges.
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Draguignan, le 30 Janvier 1891.
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Ma chère Marie,
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Je voulais t'écrire la semaine dernière, mais j'ai été fatigué pendant
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une huitaine. Si j'ai quitté le Gabon, ce cher pays m'a glissé dans mes
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colis quelques misérables fièvres. J'ai eu en effet la fièvre assez
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forte pendant quatre jours de suite. Aussi, il m'a fallu me purger et
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prendre de la quinine, tout comme à Libreville ou dans l'Oubanghi. Eau
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de Vichy, je me soigne consciencieusement. Mais mes pieds vont beaucoup
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mieux. Avec cela, depuis 8 jours, le soleil de Provence a fait son
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apparition, aussi je...
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J'espère aller à Lyon dans les premiers jours de Mars, à moins qu'il n'y
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ait encore de la boue ou de l'eau dans votre bonne ville, ce que je
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redouterais. Je serai fort facile en effet d'habiter votre nouveau nid,
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et aussi de flâner à la recherche d'une Nadine quelconque qui ferait
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réellement mon affection. En admettant que je ne puisse me marier de
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suite, je pourrais au moins planter un Gabon sérieux. J'avoue que cette
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existence solitaire commence à me peser singulièrement.
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Je demeure cependant à chercher un peu, et je pourrai me résigner
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quelque sujet de récit de série, que Camille et toi seulement pourrez
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envoyer chez lui.
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Je suis toujours sans nouvelles de Paris ; ces créatures ne m'ont même
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pas encore envoyé mon titre de Congé de Convalescence et mon mandat
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mensuel. Quel coup de balai on ferait ce qu'il a fait. Je suis révolté
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de l'indifférence et de l'injustice de ces gens-là. Cela me navre et
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m'empoisonne, et je demande que cette situation d'incertitude finisse.
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Il serait d'ailleurs nécessaire que je prépare mes affaires pour
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retourner là-bas ou bien alors à peine parti de Draguignan, il faudra
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que j'y revienne. Le plus, mon congé expire le 7 avril, et je n'ai aucun
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avantage à rester en France comme Chef d'Exploration, puisque je ne puis
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songer raisonnablement à m'établir. Tout cela est absolument désagréable
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et démontre que cette administration est la dernière des ingratitudes.
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Je ne puis vous fixer l'époque à laquelle j'irai vous voir, pour la
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bonne raison que cela dépend de ma nomination. En effet, si je ne puis
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compter sur rien du tout, dès que mes jambes seront en état je
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repartirais pour le Congo. En ce cas, je serai promptement près de vous,
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pour vous embrasser avant de partir.
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C'est égal, quelle canaille que ce de Chavanes, après la sale conduite
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qu'il a menée à Libreville, en compagnie d'une ignoble \[\[?femme\]\] de
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la négresse Bouboute, présidente du Tribunal, il devrait bien tâcher de
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fermer la bouche de certaines gens. Heureusement que j'ai la collection
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de mes rapports qui intéressaient bien le Gouvernement, s'il désirait en
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prendre connaissance ! Je les tiens à sa disposition.
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Donc, chère Marie, devant l'oubli bien significatif dans lequel me
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laissent tous ces gens-là, je pense que tu ne prendras pas la peine de
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chercher ce que j'ai l'air d'attendre. Il est écrit que ce bonheur n'est
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pas pour moi, hélas !
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Je vous embrasse tous, petits et grands, de tout mon cœur. Mes meilleurs
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souvenirs à ces dames et à mes cousines.
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Ton dévoué frère,\
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Jules Jacquot
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