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MrRaph_ 6cbd99eac4 Add transcriptions of letters from Jules Herbovy (1893-1895)
- Created new files for letters dated from February 16, 1893 to January 19, 1895.
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# Lettre du 12 décembre 1883
_Brest, le 12 décembre 1883_
Ma chère Marie,
Je suis enfin installé dans cette bonne vieille cité brestoise, bien à regret hélas ! Je possède une jolie chambre dans une des rues les plus passantes de Brest, en face de chez Coriou le restaurateur. Mais jy suis à peine 1 heure par jour, car voici lemploi stupide de ma journée : levé à 7h1/2, au bureau à 8h1/4, à déjeuner à 11h, café, à 12h1/2 retour au bureau, sortie à 4h, ouf ! Je rentre chez moi, je me mets en civil, je sors, je me promène jusquau dîner à 6h. Après ce moment que je ne déteste pas, je vais au café ou au théâtre, et je suis au lit à 11h1/2. Bientôt jespère je pourrai écrire chez moi au lieu de au café, mais pour nous cest le lieu de réunion et il est difficile de le délaisser.
Je suis classé le 3ème sur la liste dembarquement, mais jespère partir au mois de février. Ainsi jai une belle campagne pour débuter si on na pas de prévisions bien établies : enfin à la grâce de Dieu.
Par le même courrier, jécris à Henriette et à mon oncle, qui je lai appris, est fort malade en ce moment. Je regrette vivement de ne pouvoir, comme je lavais espéré, le voir à Saint-Étienne, comme je désirais vous voir à Lyon, mais dans la Marine, il faut shabituer à limprévu. Pourquoi avoir eu 10 aides-comptes à Brest, quand on en met 8 seulement à Toulon, sans en envoyer un seul à Lorient ? Le Ministère seul pourrait répondre à cette question ; et encore bien souvent ce vieillard de Ministère obéit à des inspirations dont son esprit ignore le but final.
Votre lettre que javais à grand-peine, et son bon sens fait penser quil sera rendu. Quand vous serez pelotonnés dans votre doux nid, cher papa pourra voir ses enfants réunis auprès de lui. De plus, je pourrai peut-être trouver dans ces pays un sac et des gorges (expression marine) et jaimerais bien augmenter la population lyonnaise où nous avons une grande partie de notre famille. Tout cela est un peu enfant et château en Espagne, mais que servirait de vivre si lon ne pouvait se créer des illusions pour avoir le plaisir de les voir crouler dans la suite.
Au revoir chère petite sœur, je tembrasse de tout mon cœur, ainsi que Camille. Présente mes affectueux respects à Mmes Revel et Clarin. Bien des choses à tous mes cousins.
Ton frère dévoué,
_Jules Brelot_