- Created new files for letters dated from February 16, 1893 to January 19, 1895. - Included personal updates, health concerns, and family matters. - Highlighted ongoing issues related to professional reinstatement and administrative challenges.
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En mer, le 12 Juillet 1889 Le long des côtes de Portugal
Ma bien chère Marie,
Nous avons quitté Bordeaux le 10 à quatre heures du soir, ainsi que vous l’a annoncé d’ailleurs le petit bout de billet que je vous ai envoyé à la dernière minute. Je pensais recevoir une lettre de vous et une de Léon, avec la lettre de M. Mezières pour M. de Chavanon, mais je trouverai peut-être quelque chose à Lisbonne.
Le steamer où je suis embarqué est bien aménagé ; la table est bonne, les passagers, tous ou deux, sont peu nombreux mais gentils. Je suis beaucoup logé. Enfin nous nous sommes trouvés trois pour installer un whist pour la traversée, ce qui nous assure une occupation agréable et pas fatigante (lecture par partie) de trois à quatre heures par jour.
Il y a un piano avec musique, mais enfin cela nous manque peu, car ce dessin. Demain nous arriverons à Lisbonne, où nous passerons probablement 48 heures, le temps de visiter la capitale qui paraît-il est fort belle. Nous y passerons donc le 14 juillet, et je vous embrasserai en pensée ce jour-là, ainsi que ton fils aîné, auquel j’envoie à cette occasion beaucoup de bons baisers et de bons souhaits.
Ensuite Dakar et le commencement de cette mystérieuse Afrique !
La mer m’a été clémente comme une vieille connaissance polie et affable. Quelques-uns de nos voisins ont eu plus de plaintes. Mon voisin a bien pris ; j’ai eu une heureuse idée ! En somme, la traversée sera longue sans doute, mais elle sera douce et tranquille. Le commandant, les officiers, les passagers sont de braves gens. Le côté matériel est bon. Tout va bien : all right !
Je suis heureux de savoir que Camille travaille beaucoup, car vous aurez plus de pratiques. J’ai été bien ému en pensant que tu voudrais bien avoir une petite préférence pour ma chère Marie. Pendant trois ans je ne la verrai plus. Et puis ensuite, je vous embrasse tous de tout mon cœur.
Votre dévoué, Gaston Balay
P.S. — Je prie Camille de voir si je ne pourrais pas avoir une sous-oration pour le journal Le Temps, mais je ne voudrais pas payer trop cher. Louis donnera l’argent. Bien à vous.