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MrRaph_ 6cbd99eac4 Add transcriptions of letters from Jules Herbovy (1893-1895)
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Draguignan, le 30 Janvier 1891.
Ma chère Marie,
Je voulais t'écrire la semaine dernière, mais j'ai été fatigué pendant
une huitaine. Si j'ai quitté le Gabon, ce cher pays m'a glissé dans mes
colis quelques misérables fièvres. J'ai eu en effet la fièvre assez
forte pendant quatre jours de suite. Aussi, il m'a fallu me purger et
prendre de la quinine, tout comme à Libreville ou dans l'Oubanghi. Eau
de Vichy, je me soigne consciencieusement. Mais mes pieds vont beaucoup
mieux. Avec cela, depuis 8 jours, le soleil de Provence a fait son
apparition, aussi je...
J'espère aller à Lyon dans les premiers jours de Mars, à moins qu'il n'y
ait encore de la boue ou de l'eau dans votre bonne ville, ce que je
redouterais. Je serai fort facile en effet d'habiter votre nouveau nid,
et aussi de flâner à la recherche d'une Nadine quelconque qui ferait
réellement mon affection. En admettant que je ne puisse me marier de
suite, je pourrais au moins planter un Gabon sérieux. J'avoue que cette
existence solitaire commence à me peser singulièrement.
Je demeure cependant à chercher un peu, et je pourrai me résigner
quelque sujet de récit de série, que Camille et toi seulement pourrez
envoyer chez lui.
Je suis toujours sans nouvelles de Paris ; ces créatures ne m'ont même
pas encore envoyé mon titre de Congé de Convalescence et mon mandat
mensuel. Quel coup de balai on ferait ce qu'il a fait. Je suis révolté
de l'indifférence et de l'injustice de ces gens-là. Cela me navre et
m'empoisonne, et je demande que cette situation d'incertitude finisse.
Il serait d'ailleurs nécessaire que je prépare mes affaires pour
retourner là-bas ou bien alors à peine parti de Draguignan, il faudra
que j'y revienne. Le plus, mon congé expire le 7 avril, et je n'ai aucun
avantage à rester en France comme Chef d'Exploration, puisque je ne puis
songer raisonnablement à m'établir. Tout cela est absolument désagréable
et démontre que cette administration est la dernière des ingratitudes.
Je ne puis vous fixer l'époque à laquelle j'irai vous voir, pour la
bonne raison que cela dépend de ma nomination. En effet, si je ne puis
compter sur rien du tout, dès que mes jambes seront en état je
repartirais pour le Congo. En ce cas, je serai promptement près de vous,
pour vous embrasser avant de partir.
C'est égal, quelle canaille que ce de Chavanes, après la sale conduite
qu'il a menée à Libreville, en compagnie d'une ignoble \[\[?femme\]\] de
la négresse Bouboute, présidente du Tribunal, il devrait bien tâcher de
fermer la bouche de certaines gens. Heureusement que j'ai la collection
de mes rapports qui intéressaient bien le Gouvernement, s'il désirait en
prendre connaissance ! Je les tiens à sa disposition.
Donc, chère Marie, devant l'oubli bien significatif dans lequel me
laissent tous ces gens-là, je pense que tu ne prendras pas la peine de
chercher ce que j'ai l'air d'attendre. Il est écrit que ce bonheur n'est
pas pour moi, hélas !
Je vous embrasse tous, petits et grands, de tout mon cœur. Mes meilleurs
souvenirs à ces dames et à mes cousines.
Ton dévoué frère,\
Jules Jacquot