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LettresJulesBerton/transcriptions/1891-02-17.md
MrRaph_ 6cbd99eac4 Add transcriptions of letters from Jules Herbovy (1893-1895)
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Draguignan, le 17 Février 1891.

Ma bien chère Marie,

Je suis enfin sorti de mon lit hier pour la première fois depuis le 8 de ce mois. Outre mon influenza, j'ai eu un très-fort accès de fièvre africaine, qui décidément ne semble guère vouloir me quitter depuis mon arrivée en France, malgré la quantité de quinine absorbée fréquemment. C'est d'ailleurs le lot mérité de ceux qui se promènent sous les forêts et sur les fleuves du centre africain. À ce propos, je viens d'apprendre avec plaisir que mon ami Fondere vient de châtier les sauvages de Zalanga, q...

À l'heure actuelle, Henriette est guérie, moi aussi jusqu'à nouvel ordre. Marie et Marguerite vont bien. Aurélie est toujours couchée, et le docteur depuis 2 jours ne s'est pas prononcé d'une façon catégorique, craignant peut-être une fièvre muqueuse. J'avoue que je serais bien aise... Quant à Magdeleine, elle est toujours un peu souffrante, elle grandit, et je la crois comme ton fils Henry sous l'influence du printemps.

Je t'avoue que j'attends ce bienheureux printemps, qui me permettra d'aller un peu vous voir. Draguignan n'est pas en effet très folichon, il est même fort ennuyeux. J'avoue que j'ai hâte de me retremper un peu dans l'atmosphère de la grande ville, entendre un peu de bonne musique ; enfin ressentir autant que de corps et d'esprit un réveil de cœur. Mais tout cela ne viendra pas avant le moment bien établi où Lyon n'est plus froid ni trop pluvieux. Je pense ainsi éviter de me chambrer ce qui ne me serait g...

Je trouve que toutes les démarches vont bien lentement, mais je crois aussi que si je n'existais pas, assez peu s'en étonneraient. D'ailleurs de voir tant d'hésitations et de retards à mon sujet alors que je vois chaque jour nommés à des places très-élevées des créatures de la plus belle eau, mais aussi d'anciens constions électoraux d'Étienne. Il y a eu récemment une grosse promotion administrative coloniale ; elle contenait plusieurs phénomènes énormes ! tous aussi mauvais fonctionnaires que peines...

J'accepterais bien une place de Conseiller de préfecture, mais, même à Lyon, c'est très peu payé, et l'on ne met pas un sol de côté. Une fois marié, mais une fois marié seulement, je serais content d'une place de juge de paix, mais d'au moins 4000 f. Je crois qu'on les réorganiserait et élèverait notoirement leurs appointements.

Tu vois combien je suis embarrassé. J'ai oublié de te dire que j'épouserais parfaitement une jeune fille d'origine étrangère, et surtout une Suissesse française et catholique. Souvent elles sont très-jolies, très-aimantes et bonnes femmes de ménage. À Lyon, il doit y en avoir beaucoup. Certes je tiens aux convictions et à l'éducation religieuse, mais je ne veux pas d'une dévote ni d'une sainte-nitouche. Enfin, par-dessus tout, j'ai horreur de la coquette et de la mondaine. Je serais très-heureux que ma jeu...

Maintenant, tâche de trouver tout cela à Lyon, afin que si je reste en France, j'aie pour ma femme la meilleure créature et le meilleur modèle. Si je suis absent, tu seras là pour la consoler, pour la fortifier et pour la garantir. J'aimerais beaucoup ton mari, je serais heureux de l'avoir le plus souvent possible. J'espère que cela ne l'ennuierait pas trop. Enfin, nous avons à Alger la comtesse de toute notre famille Mazzarello, et c'est une famille qui est assez bonne pour qu'on ne regrette pas d'y entre...

Mais Suzanne, Marie, Octavie ne commencent-elles pas des amies en possession de fruits à croquer ?

Un peu, si tu le veux, écris à Marie Saint-Marc, comme j'ai déjà écrit à Pierre. Peut-être cette bonne Georgette aurait-elle la main heureuse ?

N'as-tu point aussi pensé à Madame Montessus : il me semble que voilà une chère innocente qui avait de l'affection pour moi et qui connaît beaucoup de monde ?

Ouf !!!

Je t'embrasse de tout mon cœur ainsi que Camille et les quatre petits. Bien mes amitiés à ces dames.

Pour Léon, je pense qu'il devrait secouer un peu Jules Ferry ; ce dernier me ferait nommer Gouverneur, où il lui en prendrait envie !

Ton dévoué,
Jules Jacquot

...

Je tiens surtout qu'à la très-franche honorabilité et à la forte et solide éducation, j'épouserais volontiers une jeune veuve sans enfants, mais de 25 ans au plus. Par exemple, je tiens là à la fortune. Tu comprends ma chère Marie, tout cela est très difficile à réunir et ne doit pas être suivi d'une façon trop absolue. Il est évident par exemple que je serais tout aussi content et que j'aimerais autant épouser une charmante femme qui serait brune avec les yeux bleus ou châtains, ou avec les yeux bruns, gais ou v...

Quant à démissionner et à rester en France, j'avoue que cela me coûte un peu plus que je ne l'aurais cru. Il faudrait pour cela que je trouve auparavant un joli et sérieux parti qui vaille ce sacrifice. Et alors que ferais-je, car je ne peux pas rester inactif ? Il me faudrait obtenir une place équivalente comme traitement et comme situation, en admettant que je rentre dans une autre administration de l'État. J'avais bien pensé à une charge, mais il la faudrait d'un bon rapport, et je ne puis immédiatement ...