- Created new files for letters dated from February 16, 1893 to January 19, 1895. - Included personal updates, health concerns, and family matters. - Highlighted ongoing issues related to professional reinstatement and administrative challenges.
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Mayumba, le 11 février 1892 Congo Français
Ma chère Marie,
J’ai bien reçu ta bonne lettre du 5 janvier contenant une carte de Marie Teriche à laquelle je te prie de transmettre la carte que je glisse dans ma lettre. Je suis heureux de voir que le rhumatisme de Camille s’en est allé, et que les petits et toi, ma chère sœur, allez bien. Quand tu recevras cette lettre, vous serez près du printemps, ce que nous ne connaissons pas ici.
Dieu merci, ma santé est bonne et je me trouve même trop engraissé. Si mon cœur et mon esprit étaient tranquilles, si justice m’avait été faite, je crois que je pourrais très-bien rester ici jusqu’au mois d’avril 1893, époque à laquelle je tâcherais de rentrer en France. Certainement avant ce terme, je recevrai une bonne satisfaction. J’y crois quoique je n’en serais pas fâché ; mais je l’avouerai, j’aspirerais un peu de rentrer en France à l’époque des grands ou de l’humidité.
Ce que j’aurais voulu mais ce sera en vain, aurait été d’être nommé de première classe pour compter du 1er mars 1891, parce que cela était la juste réparation de la mauvaise farce qu’on m’a faite, et aussi parce que, grâce à cette juste réparation, mon avenir pouvait être entièrement changé et devenir très-brillant, très-avantageux qu’il ne paraît actuellement.
Je trouve que mon cousin Léon doit en faire. S’il avait été à Paris en décembre comme il l’avait dit, les démarches auraient été faites avant les nombreuses nominations qui ont été faites. Mais était-il seulement en janvier ? Que de lenteurs, que d’hésitations, que de temps perdu ! Cette publication que j’avais prié de prendre afin de tâcher d’obtenir quelque chose de bon, servira d’état auquel elle devait se tenir. Rien n’était plus facile, je suis persuadé que jamais elle ne paraîtra. Ce n’est pas ainsi qu’il faut livrer le combat de la vie, la struggle for life. Mais il est dit que je n’aurai jamais la moindre petite chance ; vrai, c’est obstinant et décourageant.
J’attends, j’attends depuis bientôt 5 ans, une passe viendra-t-elle ?
Au revoir chers amis, je vous embrasse de tout mon cœur, petits et grands. Soigne-toi bien toujours et sans relâche, chère Marie. Je serai bien content le jour où tu me diras : je ne tousse plus.
Bien des choses aux amis et parents. J’ai vu l’aplatissement de ce fumiste de Thievenet devant le comité pour l’élection sénatoriale du Rhône. Je n’en suis réjoui ; il faut chasser ce récureur des affaires publiques. Je suis persuadé que de Chavanes et lui, camarades de mauvais aloi, ont été cause de tous mes ennuis.
À bon entendeur salut !
Votre dévoué, Jules Hardouy