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LettresJulesBerton/transcriptions/1882-02-20.md
MrRaph_ 6cbd99eac4 Add transcriptions of letters from Jules Herbovy (1893-1895)
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Brest, le 20 février 1882,

Ma bien chère Marie,

Pendant que notre cher papa est parti pour Paris, où il va tenter une entreprise qui réussira, j'en suis convaincu, je suis heureux de trouver un moment de loisir pour venir causer quelque peu avec toi.

Depuis bientôt 4 mois que je suis dans cette bonne vieille cité bretonne, le temps a passé avec une rapidité effrayante. Je ne sais si c'est un indice de la vieillesse, mais je trouve que plus on avance en âge et plus le temps file, sans qu'on y pense. Je crois qu'actuellement le travail assidu et la régularité de la vie sont les causes du peu de durée qu'ont les journées pour moi. Le cours, le déjeuner, le bureau, le travail dans la chambre, le dîner, la soirée, tout cela va mécaniquement, si je pourrais le dire, comme au collège. Et ma foi, j'aime beaucoup cette vie, vie du marin par excellence, vie commune, vie rapide où l'on s'amuse d'autant plus que l'on travaille beaucoup.

C'est la plus belle vie à souhaiter à un jeune homme ; si à cela se joignait une certaine fortune, je pourrais me dire très heureux. Entrant dans une carrière où l'avancement est rapide et brillant, où l'on commande, où l'on peut faire beaucoup de bien, au milieu de camarades distingués, intelligents et d'honor? coeur, je vois la ?route autour de moi, et si je marche gaiement à l'assaut des honneurs et de la fortune (cette dernière sera un peu dure à décrocher) peut-être, mais enfin j'espère y arriver. Si avec cela, vers 29 ou 30 ans je suis placé dans un pays quelconque, la Reine de mon coeur, une bonne petite femme gentille, douce et affectueuse ; si je vois tous ceux que j'aime heureux, alors je ?accueillerai Dieu auquel je dois tout, et je tâcherai d'écarter les mauvais jours.

Voilà pourquoi il faut que notre père réussisse dans son entreprise qui peut nous donner cette fortune que les événements nous ont jusqu'à ce jour tant refusée. Aussi je compte beaucoup sur le succès, et j'y crois de tout mon coeur. Le moment me paraîtra ?

bien choisi pour tenter une entreprise financière. Les spéculateurs terrassés par ce ?krach épouvantable, devront solder les pertes et tout vendre qui leur procure une avance sur un solde de richesse. On tir? sur le bien les em? et les convaincre, et Dieu ne leur refusera pas les moyens à notre cher père.

J'espère que tu nous passes joyeusement ces jours gras au milieu de la petite famille de notre cher instituteur. Ses filles doivent être bien gentilles et p? et bien élevées j'espère. Vous mangez beaucoup de crêpes à ma santé, et vous priez pour que je passe la carrière le plus sagement possible.

Au revoir, ma chère Marie, je t'embrasse de tout mon coeur, embrasse pour moi toute la famille et présente mes respects à tous nos amis.

Bien des choses de la part des dames Saint-Marc que je viens de voir et qui vont bien.

Ton frère dévoué et affectueux

Jules Berton

Mon cher Papa chéri, Je t'envoie cette lettre de Jules ; elle te fera passer un petit moment heureux. Je te remercie beaucoup de la dernière et j'y répondrai à loisir samedi. Là je te dirai longuement ce qu'elle m'a suggéré de pensées. Aujourd'hui ce n'est qu'un sourire que je t'envoie dans celle d'Henriette.

Je suis contente de ton voyage de tes malles, j'ai pourtant oublié d'y mettre ta petite statuette de Lourdes. Je l'avais mise après ton départ et ai regrette mon oubli. Porte-toi bien cher Papa et surtout ne te fatigue pas et soigne-toi comme tu le voudrais le ferait, s'il lui était donné d'être près de toi.

J'ai retrouvée dans ta corbeille de cartes de visites la lettre adressée à Damasone !

Je t'aime et t'embrasse de coeur.

Marie Berton