- Created new files for letters dated from February 16, 1893 to January 19, 1895. - Included personal updates, health concerns, and family matters. - Highlighted ongoing issues related to professional reinstatement and administrative challenges.
1.5 KiB
Executable File
Libreville, le 17 Août 1889
Ma chère petite sœur Marie,
Que cette lettre t’apporte mes meilleurs souhaits de fête, mes vœux les plus sincères pour ton entier bonheur et celui de ta chère famille ! Cette journée du 15 août, où me revenait sans cesse aux lèvres ce nom bien-aimé de “Marie” ! Je l’ai passée sous les immenses futaies de la forêt de Sibangui, errant, seul avec mon boy, le fusil sur l’épaule, et mon cœur là-bas ! bien loin, bien loin.
Quelle lamentable ironie de l’existence humaine : deux êtres qui s’adorent et qui ne pourront peut-être jamais que se le dire.
Chère Marie, toi tu seras toujours l’heureuse mère de famille que je vénère, moi je serai ce que le bon Dieu voudra. Je suis ici chargé d’un travail considérable, et qui ne me plaît guère, malgré la grande amabilité du Gouverneur. J’ai l’honneur de le connaître et, tout en faisant mon possible pour satisfaire mes chefs et faire mon devoir dans toute l’acception du mot, je n’ai pas laissé ignorer que je n’acceptais ces fonctions que provisoirement.
C’est vous dire que je reviendrai à ma marotte, en vous rappelant que tu n’as promis de me nommer Administrateur Colonial de 1ère classe, et que mon cousin Léon s’occupe bien peu de moi puisque je ne reçois rien, et qu’il n’avait encore daigné dire un simple mot à ce sujet.
Je me porte assez bien, avec quelques paquets de quinine. Je vous embrasse de tout mon cœur. Si tu vois à Draguignan l’enfant aimée, embrasse-la pour moi.
Ton dévoué frère, Gaston Balay