- Created new files for letters dated from February 16, 1893 to January 19, 1895. - Included personal updates, health concerns, and family matters. - Highlighted ongoing issues related to professional reinstatement and administrative challenges.
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Mozaka (Oubanghi), le 21 Mai 1890.
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Ma chère sœur Marie,
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Je t'envoie un petit bonjour d'un pays qui est bien loin, bien loin. Je
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vis en ce moment au milieu des Bonjos, peuple de cannibales renforcés et
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cyniques. Ils existent véritablement leurs marchés de femmes et surtout
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d'enfants que l'on engraisse pour la table, ainsi que les guerres
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continuelles et les razzias qui garnissent le garde-manger.
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Ce sont de beaux hommes, clairs de teint, armés de lances énormes et
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fort belles, de couteaux fantastiques et de boucliers qui nous
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rappellent les guerriers sarrazins. Comme toute, je préférerais beaucoup
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être à Lyon me promenant avec vous sur les quais ou dans la rue de la
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République.
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Je me porte passablement, mais je n'ai plus de jambes, et je souffre
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beaucoup de mes nombreuses plaies. Quelle triste certitude que celle
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qu'on fait en quittant tout ce qui est si bon chez soi, pour trouver
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tout ce qui est si mauvais dans ce triste pays. Je vous assure que si je
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reviens du Congo, de ses explorateurs et de ses exploitations, quelle
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fumisterie, pardonnez-moi le mot.
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Je vous embrasse de tout mon cœur et vous souhaite toutes les
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prospérités. Veuillez je vous prie me rappeler au bon souvenir de vos
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bons cousins et en particulier des Fabre.
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Votre frère dévoué,\
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Jules Jacquot
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