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Dagana, le 25 septembre 1894
Ma bien chère Marie,
Deux mots seulement car le courrier va passer dans quelques instants et je suis très occupé. J’ai reçu hier ta lettre du 3 septembre ; je vois que vous allez tous bien et que vous passez une bonne fin de septembre. Je vous envie, mais cela me fait plaisir de vous voir toutes les deux heureuses et contentes.
Je me remets seulement d’une grosse indisposition : sorte de mélange de dysenterie et de fièvre, de bile, causée par les fatigues d’une longue tournée de cinq jours à cheval, par une petite température dont je ne vous dis que ça. Enfin, j’en suis quitte et je repartirai avant peu pour une nouvelle tournée dans d’autres parties de mon cercle. Quelquefois je vais passer 48 heures chez le commandant de Richard-Toll, qui est mon ami et qui possède un des plus beaux jardins botaniques que je puisse voir.
Alors je prends mes Yolofs et quatre ou cinq captifs en route, et je descends les 29 kilomètres de Coucos, qui séparent Dagana de Richard-Toll. Actuellement nous sommes dans la mauvaise saison, des tornades, des orages, des pluies, une chaleur lourde et parfois torride. Ensuite nous aurons huit mois sans eau ! Ce n’est plus le Congo…
Pour le sabre je voudrais bien y mettre moins cher. Il n’y a pas besoin de ceinturon, mais seulement de deux anneaux pour mettre deux bélières comme autrefois. La Dagana en cuir bouilli a suffi. Je cherche un ancien sabre à large lame avec fourreau en métal. Camille pourrait trouver cela chez un brocanteur qui remettra au besoin l’arme en état. S’il trouvait un de ces sabres dont la garde est en cuivre et très ouvragée, sabres de la première République ou du premier Empire, voilà ce qui serait excellent, et pas cher, je crois. Enfin, c’est pour mon brave ami Samba Madiatte, chef de la province du Dimar, une des subdivisions du cercle de Dagana.
Aucune nouvelle de Paris, et c’est désappointant, et avec cela à chaque instant de nouvelles incertitudes.
Enfin, il me semble que M. Begg devrait bien, ainsi que M. Dubard, donner une réponse catégorique, faire une note, tenir leurs promesses formelles. Cela me ferait prendre patience, mais rien, rien ! Et pendant ce temps je vois nommer des jeunes gens qui ont sept ou huit ans de moins que moi et qu’on bombardera de la 2ème classe à la 1ère classe. C’est navrant.
Au surplus, je n’écris plus à personne ; seulement je suis étonné que Léon n’arrive pas à quelques résultats meilleurs. Le temps passe et rien ne remplace le temps perdu.
Je vous embrasse tous de tout mon cœur. Je n’ai pas le temps d’écrire aux Bourdon cette fois-ci.
Votre tout dévoué frère, Jules Herbovy